VLAEMSCH (chez moi)
SisterArt Spectacle@KVS pour voir VLAEMSCH (Chez moi) de Sidi Larbi Cherkaoui. Véritable spectacle d'art total où la danse contemporaine, le théâtre, la musique et la scénographie sont parfaitement équilibrés. Un spectacle de qualité, de précision et dont la diversité sert le propos du chorégraphe, un aller-retour entre belgitude et universalité.
Une équipe de choc
Pour son spectacle, le chorégraphe belge Sidi Larbi Cherkaoui s'est entouré de pointures : Hans Op De Beeck pour la scénographie, Floris de Rycker pour la direction musicale et Jan-Jan Van Essche pour la création des costumes. Face à cette direction toute belge, un groupe d'interprètes internationaux : Danseurs, musiciennes, danseuses, chanteurs, actrices, chanteuses, acteurs se côtoient sur cette scène à plusieurs niveaux. Le Monde y est représenté.
En plus d'apporter du sens (et en plusieurs langues s'il vous plaît) : français, anglais, néerlandais et arabe parfois sur-titrés; les interprètes jouent et dansent avec poésie et humour.
Histoire et histoires
Qu'est-ce que la flandre et qui sont les flamands ? Avec VLAEMSCH (chez moi) il s'agit de l' Histoire du pays, de ses origines, de ses multiples identités - Hollandaise, Espagnole et Française. Il s'agit de son rayonnement avec les peintres flamands de la Renaissance, et de ce gris du ciel… de ses aliénations, son racisme et son nationalisme.
C'est l'histoire du chorégraphe, avec ses origines et la confrontation directe des racines flamandes, qu'il déracine et réarrange. On y trouve là le propre de la modernité et de l'avant-garde du nord de la Belgique : au XV ième siècle décrits comme "Des esprits novateurs qui refusaient de se laisser enfermer dans des frontières."
A travers des figures performatives, Cherkaoui nous raconte une histoire limpide et des histoires croisées qui tendent à l'universalité. Car aussi flamingant qu'il puisse paraître, le spectacle VLAEMSH déploie sous nos yeux et dans nos oreilles, une histoire de l'humanité.
GRIS GRIS GRIS de Hans Op De Beeck
Le décor est conçu par un plasticien touche à tout, connu pour son travail de grisailles et de tableaux de genre tragi-comique : vanités et natures mortes géantes jonchent dès lors le sol de la scène. Hans Op De Beeck crée un univers tout gris qui fait penser au Spleen et au Plat Pays de Brel « un ciel si gris que le canal s'est pendu »…
Il confère à la scène une impression figée, statique, passée, voire morte. Mais le gris est comme un écran sur lequel toutes les couleurs et les températures peuvent être projetées. Alors, ce gris gris gris s'anime avec les mouvements, la danse et la musique. Et la magie opère, les contrastes sont forts entre vivant et mort, passé et modernité.
Ses grandes installations sont sensorielles, elles sont des fictions visuelles immersives. Hans Op De Beeck expose dans le monde entier.
POLYPHONIES de Floris de Rycker
La musique touche à la profondeur des émotions, et sa présence éclectique surprend et nous happe. Sur scène avec son ensemble « Ratas del Viejo Mundo » Floris de Rycker nous fait découvrir des instruments aux consonances orientales et asiatiques, du vieux français chanté, des chants latins jusqu'au populaire « Marieke, Marieke ». Les magnifiques musiques polyphoniques nous font traverser les époques et les continents, et accompagnent le propos de Cherkaoui à merveille.
« Floris de Rycker joueur de luth, a découvert comment la culture musicale arabe a été déterminante pour la musique occidentale, bien que cette ligne d'influence soit souvent effacée de l'histoire de la musique. »
Habillage ou costume ? Jan-Jan Van Essche
Inspirés par différentes cultures et différentes époques, le styliste anversois conçoit des costumes de manière éthique et locale. Il cherche à minimiser les détails des connotations culturelles et à s'approcher de formes minimales. Contrairement à l'approche occidentale, Jan-Jan offre au corps le luxe et la liberté de façonner le vêtements et non le contraire. L'idéal pour un danseur-une danseuse, est de sublimer ses mouvements dans un habit sans que ce dernier le contraigne. Entre drapés et simples t-shirts, l'ensemble est harmonieux et visuellement explicite.
Et les scènes...
Plusieurs musiques, plusieurs interprètes, plusieurs histoires… pour cela il fallait plusieurs plateaux pour autant de tableaux. Avec la multitude d'espaces scéniques, il n'y a plus d'unité de temps. Trois plateaux équivalent à trois moments. On vous l'a dit, VLAEMSCH est un véritable spectacle d'art total d'une grande inventivité.
Avec des solos très techniques et des mouvements d'ensemble précis, c'est beau, c'est entier, c'est complet, c'est très belge et très international, CHEZ MOI, c'est chez nous !
https://www.lamonnaiedemunt.be/fr/program/2000-vlaemsch-chez-moi