Shin Hanga Honneur à la gravure traditionnelle
SisterArt@Expo aux Musées Royaux d'Art et d'Histoire de Bruxelles pour voir Shin Hanga, une foisonnante exposition de 220 estampes japonaises sublimes, entre expression délicate et rigueur technique. Une expo à ne pas manquer.
Femme tenant un chat noir, Friedrich (Fritz) Capelari, 1915, ©S. Watanabe Color Print Co.
La grâce et la patience
Une estampe japonaise traditionnelle est le résultat d'une étroite collaboration entre l'artiste, le copiste, le graveur et l'imprimeur, sous la supervision de l'éditeur. Comme le montre la vidéo explicative au cœur de l'expo, que nous recommandons de regarder, le processus de création d'une estampe est complexe et minutieux. Il requiert une patience infinie jusqu'à la fabrication artisanale des ustensiles et pinceaux.
Neige nocturne sur le canal Sanjūgen, Kawase Hasui, 1920, 29,7 × 27,8 cm ©Collection Scholten
Les estampes modernes
En créant le mouvement Shin Hanga, l'éditeur Watanabe Shōzaburō voulait remettre l'estampe à l'honneur. À l'origine, cette technique traditionnelle d'impression par xylographie (gravure sur bois) était considérée comme un produit commercial, car elle permettait de réaliser de nombreux tirages d'un motif. Après son essor aux XVIIIe et XIXe siècles, elle tomba en désuétude avec l'arrivée de la photographie qui menaçait de la supplanter. Toutefois, Watanabe Shōzaburō voulait également moderniser l'estampe. Celle-ci devint alors œuvre d'art, et participa au rayonnement international du pays.
Le mont Fuji vu depuis le lac Shōji, Charles William Bartlett (1860-1940), 1916, Editeur Watanabe Shōzaburō, 28 × 39 cm ©S. Watanabe Color Print Co.
Traverser l'expo
Le chemin est si bien tracé dans l'espace muséal que l'on ne peut s'y perdre. On s'abandonne à la flânerie, parfois à la méditation, face à ces somptueux chefs-d'œuvre qui s'étalent de 1900 à 1960. Dans ce voyage au Japon, on découvre des portraits de femmes, des paysages qui égrènent les saisons et où le mont Fuji est souvent présent, mais aussi des scènes urbaines. Petit à petit, la modernité s'installe dans les sujets, et l'on s'éloigne des images véhiculées par les estampes traditionnelles.
Tout en délicatesse
Utilisation du micra pour créer des fonds lumineux teintés de préciosité, détails des tissus vestimentaires, finesse des traits où chaque cheveu semble avoir été tracé séparément : la technique extrêmement rigoureuse est seule garante d'une esthétique raffinée et du rendu impressionnant des estampes.
Jusqu'au 15.01.2023 aux Musées Royaux d'Art et d'Histoire (Cinquantenaire)
Crédits Photos ©
Femme peignant ses cheveux, Hashiguchi Goyō (1881-1921), 1920, auto-edition, 44,6 × 34,5 cm © Collection particulière, Pays-Bas