Tensions et torsions en Resonance à la fondation Walter Leblanc
SisterArt Expo@La fondation Walter Leblanc qui inaugure son ouverture au public avec une mise en dialogue des œuvres de l'artiste belge, issu de La nouvelle tendance de l'après-guerre (Zero, art optique, art cinétique…), et du japonais Keisuke Matsuura qui s'en inspire. Résonance raffinée et réussie à voir jusqu'au 17 décembre 2020.
Walter Leblanc, Torsions Mobilo Static, 1964. Image by We Document Art
L'exposition Resonance nous offre une double occasion de visiter la fondation Walter Leblanc.
Il s'agit à la fois de découvrir le travail de ces deux artistes de deux générations différentes, et de réétudier un pan de l'histoire de l'art.
En effet, qu'est-ce qui relie la Belgique au Japon ? Qu'est-ce qui relie Keisuke Matsuura à Walter Leblanc ?
Remontons le temps… jusqu'aux prémices de l'art contemporain.
De l'art concret au mouvement ZERO et à l'art cinétique
L' Art concret s'appuie sur un langage plastique dit objectif parce que dénué de références à la réalité visible. En quelque sorte, c'est un "art pour l'art" qui vise l'Universalité, avec des moyens réduits et des formes lisibles. Le mouvement est né en Allemagne, dans les années 30, avec comme point de départ un Manifeste de Théo Van Doesburg. On entre alors sur le vaste terrain des formes et de l'abstraction.
Le mouvement se développe ensuite avec le suisse Max Bill jusqu'après la seconde guerre mondiale. On y retrouve les principes du BAUHAUS et du constructivisme.
La diffusion de ces principes et idéaux artistiques dans le monde, va alors donner naissance à de nouvelles tendances comme le groupe ZERO ( 1950-1960). Ces mouvements, nés d'une nécessité de changement générée par une guerre, vont tisser volontairement des liens entre l'Europe et l'Asie. Zero se fonde en partie sur des principes philosophiques qui acceptent le vide, le rien, la sagesse zen qui permet de repartir de zéro et de se libérer des contraintes et de la pensée du passé. C'est , en particulier, de ce mouvement que Matsuura va s'inspirer.
Il nous était impossible d'espérer quoi que ce soit tant notre marge de manœuvre était étroite à cette époque. Tout a débuté à Düsseldorf…
La situation politique et intellectuelle ne nous autorisait qu'une perception partielle de la réalité. ZERO est certes né d'une intention positive, mais également de la violence des pressions et des contraintes que nous subissions et dont nous voulions nous libérer. La naissance de ZERO est liée à une volonté de se projeter dans des directions nouvelles.Otto Piene, l'un des fondateurs du mouvement ZERO. 1958
Voir aussi en France (Klein, Arman), en Italie (Fontana, Manzoni, Castellani) et les Pays-Bas (groupe NUL).
Le terme d'art concret a fini par désigner une très large part de l'abstraction géométrique créée après la guerre. Faisant fi des cloisonnements, l'art concret fédère des artistes d'horizons et de générations diverses.
L'art concret tend ainsi à un langage universel, au même titre que la musique ou la poésie, domaines privilégiés d'extensions ou de connexions.
https://www.espacedelartconcret.fr/fr/histoire-et-contenu/lart-concret
Approches et techniques
C'est en 1959 que Walter Leblanc développe les torsions en tant qu'élément pictural. Cet élément va lui permettre de créer des reliefs avec des fils de coton, du métal ou du plastique. Ces torsions placées de façon géométrique et sous tension vibrent alors en fonction de la lumière environnante, souvent en monochromes.
Dans ce même esprit de recherche vibratoire, K. Matsuura (Kyoto 1970) met ses toiles sous tension. Composées de poudres ou de pigments métalliques et d'aimants dissimulés à l'arrière de ses toiles, Matsuura oriente ces dernières de sorte que la poudre suive la trajectoire des aimants. L'artiste laisse le magnétisme et le temps faire leur œuvre, pour un effet évanescent qui invite à la rêverie.
Dés lors, on peut relier les deux artistes par la minutie de leur travail et une acceptation d'une temporalité lente dans la création, le développement d'un geste et d'une pensée cohérente et assidue.
Exposition jusqu'en décembre 2020
https://www.walterleblanc.org/node/5566