Jamais, toujours, parfois une pièce de Kendall Feaver

18/09/2024
Credits©LaraHerbinia
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Sisterart@Théâtre de Poche pour voir "Jamais, toujours, parfois" de l'autrice australienne Kendall Feaver qui aborde le sujet épineux des troubles mentaux dans un quatuor sobre et plein de justesse. Mise en scène de Magali Pinglaut.

L'histoire des troubles mentaux raconte aussi l'histoire de la gestion des émotions et de leur dérégulation qui fait peur. Si de l'antiquité au Moyen-âge on maltraitait les malades, au XVIIIe siècle on a commencé à les traiter avec plus d'humanité, pour en arriver à la médecine psychiatrique et aux premiers recensements. Aujourd'hui on parle de 400 types de troubles mentaux plus ou moins graves, plus ou moins intenses. Pour cette raison, sans doute, à aucun moment la maladie n'est nommée. Kendall Feaver s'engage sur ce sujet rarement traité au théâtre, avec une plume incisive qui sonne juste. Le titre s'inspire des tests psychiatriques, des questions auxquelles il faut répondre par "Jamais, toujours ou parfois" et qui en disent long sur la précision des diagnostics.

The Almighty Sometimes

Avec le titre original de la pièce, traduit par "Le tout-puissant Parfois", Kendal Feaver nous rappelle que nous ne sommes ni tout blancs ni tout noirs. Et c'est exactement le ressenti avec cette pièce. On voit la complexité de la maladie psychique incarnée par Anna - Capucine Duchamp - sa difficulté à trouver un équilibre avec ou sans médicaments, et la souffrance pour l'entourage. Anna est maladivement intelligente et douée. Et c'est bien cela qui nous échappe et nous trouble. 

Entre les mots du psy, de la mère ou de l'amoureux, on penche tantôt pour l'un ou l'autre mais la vérité n'est jamais détenue par un personnage. Avec l'écriture de Kendall Feaver, quelque chose nous pousse à prendre parti et nous en empêche aussitôt.

Scénographie épurée pour propos puissant

Servi par le jeu intense de trois comédiennes et un comédien, le propos de la pièce est fort, dense. La scénographie, épurée, simple et efficace, est donc idéale. Et elle devient plus imagée au fur et mesure que les rapports entre les personnages se révèlent. Elle sert parfaitement le texte incisif et teinté d'humour grinçant. On a particulièrement aimé l'image du poisson lanterne, et les trois rideaux du fond de scène, comme autant de couches subconscientes.

INFOS THEATRES 

Théâtre de Poche jusqu'au 27 septembre https://poche.be

Théâtre Jean Villar du 9 au 18 octobre https://levilar.be/la-saison/jamais-toujours-parfois/

Crédits photos ©Lara Herbinia

SisterArt asbl Non profit organisation