HIKIDASHI Les tiroirs des secrets
SisterArt@Théâtre des Martyrs pour voir Hikidashi, de Uiko Watanabe, un spectacle entre la poésie et la dure réalité. Une vie sans père, un vie de tremblements de terre et des tiroirs remplis de secrets.
Hikidashi signifie "tiroir" en japonais. Dans un tiroir, on dépose des souvenirs, mais aussi des secrets. Au Japon, il y a principalement des meubles à tiroirs, à cause des tremblements de terre…
Uiko Watanabe ouvre pour nous un tiroir, celui de la relation avec son père. Accompagnée de Lode Thiery, elle revient sur cette relation qu'elle n'a pas eue, et révèle ce que cela implique dans ses relations avec les hommes. Des relations ancrées dans l'attente.
"Je n'ai pas reçu ce que j'avais envie de recevoir de la part de mon père. [...] Du coup, j'attends tout le temps d'avoir ce que je n'ai pas reçu. Je n'arrive pas à avoir une relation normale, une bonne relation avec des gens, parce que je suis toujours dans l'attente."
Le sens de la précision
La mise en scène est épurée et maîtrisée. Elle se compose de plusieurs séquences à temporalités différentes, tantôt brèves, tantôt longues. Ces longueurs, comme des suspens, sont autant de plongées méditatives.
La narration est éclatée. Quand on fouille un tiroir, on en sort les éléments un à un, ils se succèdent au hasard et leur agencement tient de l'intuition. Dans le spectacle, la voix off, voix du cœur de Uiko Watanabe, apporte un liant, agit en interface de toutes ces images.
La musique, troisième personnage...
Avec la musicienne et compositrice Sarah Wéry, on entre dans un univers sonore et musical qui sert l'interprétation, l'oriente et la dynamise. Tantôt harmonieux, tantôt dissonant, le paysage sonore fascine.
... et la danse
La chorégraphie créée par Uiko Watanabe est inspirée du butō, une danse née au Japon à la fin des années 50. C'est une danse personnelle, de l'intime, "limite entre la vie et la mort" selon Uiko Watanabe. Elle sert parfaitement le propos du spectacle. Elle trouve son aboutissement esthétique lorsque sa légèreté se trouve confrontée aux postures guerrières de kendo, admirablement accomplies par Lode Thiery.
Réservations >> Théâtre des Martyrs
Crédits photos ©Jean-Louis_Boccar